Rencontre interrégionale et intergénérationnelle
lors de la « Journée hors les murs » à Aigues-Mortes dans le Gard
jeudi 10 avril 2025

Une action éducation populaire & théâtre
pour lutter contre les discriminations liées aux origines et la xénophobie
autour du Massacre des Italiens (adaptation du livre de Gérard Noiriel)

Après un premier atelier de médiation en amont de la représentation du "Massacre des Italiens", la journée "hors les murs" à Aigues Mortes s'est déroulée en aval du spectacle avec un groupe intergénérationnel (femmes adultes et enfants) du centre social de la Capelette (Marseille 10eme). Chacun.e.s a pu trouver son intérêt entre réflexion, découverte et plaisir

« Journée hors les murs »
crée et animée par Pauline Bernard et Vanessa Pedrotti
médiatrices socio-culturelle du collectif
Les ateliers d’éducation populaire en visite à Aigues-Mortes rendent accessibles les recherches sociohistoriques de Gérard Noiriel à travers une découverte ludique et active en extérieur. La conception de cet atelier place les participant·es en tant qu’acteurs et actrices de l’apprentissage, afin qu’ils et elles ne soient pas de simples auditeurs passifs. Tout est pensé pour éveiller leur curiosité et éviter l’ennui et la passivité.
La journée à Aigues-Mortes consiste en la visite des lieux phares de cette histoire à savoir : la place St-Louis, la visite et des tours et remparts d’Aigues-Mortes et des salins.

a) Visite guidée et animée (par les médiatrices) des salins du midi ayant pour thème la découverte de l’histoire sociale de la classe ouvrière des sauniers et la mise en concurrence des différents groupes par le patronat (la CSM) : les immigrés italiens, les aigues-mortais, les “ardechois” immigrés les régions voisines, les “trimards” (marginaux vagabonds). Les participants mènent l’enquête du contexte social ayant précédé le massacre.
Les participant.e.s sont amenés à :
• développer une analyse critique face aux différentes sources d’informations : les témoignages, les archives et les informations disponibles sur place. Par exemple : qui parle, d’où, dans quel but et les intérêts derrière les discours ? Comment la compagnie des salins du midi présente l’histoire des salins dans ces visites touristiques ? Ce discours est analysé avec les participants (visite guidée en petit train, boutiques, hébergements touristiques à la place des anciennes “cambuses” qui hébergement les travailleurs au XIXeme siècle).
Le métier de saunier, à la fin du XIXeme siècle à aigue-mortes, n’était plus celui fantasmé d’un petit artisan indépendant : les salins deviennent une société par actions, la Compagnie des Salins du Midi. Elle entre dans le capitalisme avec des conditions très dures pour les ouvriers sauniers et fonctionne par du travail saisonnier (récolte en été).
• Les participant.e.s comparent l’histoire officielle de l’entreprise avec l’histoire sociale des travailleurs sauniers racontées par les médiatrices... D'où venaient les ouviers-sauniers embauchés ? Les gens d’Aigues-Mortes rechignaient à travailler aux salins car les conditions étaient trop dures et peu rémunérées : les travailleurs viennent d’ailleurs, ils sont tous des “immigrés” d’autres régions françaises ou italiennes plus pauvres. Il y a aussi les “trimards” des vagabonds qui ont pris la route et survivent avec les travaux les plus ingrats.... Lors de la visite on pourra gravir une montagne de sel afin de se rendre compte de la dureté du travail au XIXeme siècle.
b) Visite guidée et animée de la ville d’Aigues-Mortes autour du thème de l’événement tragique du massacre des italiens de 1893, de la construction du nationalisme et de la xénophobie.

• les remparts d’Aigues-Mortes sont visités ainsi que la tour de constance ou se sont réfugiés des italiens pour échapper au massacre. Les remparts offrants un point de vue sur les salins, on peut distinguer les lieux ou travaillaient les différents groupes de sauniers regroupés par communauté (les salins du Perrier les plus près de la ville)
• l’ancienne boulangerie à côté de la mairie ou se sont réfugiés un groupe d’italiens pour échapper au massacre
• la mairie : le lieu sera l’occasion d’étudier le rôle des autorités et la construction du nationalisme au XIXeme siècle.
Objectifs :
1. Renforcement de l'immersion historique : être sur le lieu même de l’événement permet aux participant·es de mieux saisir le contexte géographique et spatial de l'histoire.
2. Création d'un lien émotionnel et sensoriel : en visitant un lieu de mémoire, les participant·es ressenttent probablement une émotion plus forte et personnelle que s’ils ou elles étaient à Marseille. Les espaces et paysages éveillent des sentiments et favoriser l’empathie, ce qui est plus difficile à obtenir par la simple narration. Cette connexion émotionnelle enrichit la réflexion et rendre l'expérience plus mémorable.
3. Approfondissement de la mémoire collective : Aigues-Mortes en tant que lieu de mémoire permet de réfléchir aux dynamiques de la commémoration, du souvenir et de l’oubli. Les participant·es pourront examiner sur place comment et pourquoi cet événement a été occulté de la mémoire nationale et les efforts réalisés (ou manquants) pour préserver son souvenir.
4. Apprentissage de l'histoire locale : en visitant d'autres villes et régions, les participant·es comprennent mieux l'histoire de leur propre région en établissant des parallèles. Par exemple, découvrir l'histoire du massacre des Italiens à Aigues-Mortes enrichit leur connaissance du passé migratoire et des dynamiques sociales.
5. Renforcement du lien social : voyager ensemble renforce les liens. Cette sortie est une occasion de créer une dynamique de groupe et de construire des souvenirs communs et une mémoire collective, en stimulant les échanges et les discussions.
